L’espace thérapeutique de la lumière qui soigne

Le Docteur Finsen avait eu l’intuition des propriétés intéressantes de la lumière rouge. Cependant, à son époque, pour isoler une source de lumière rouge, il fallait installer un filtre devant une source de lumière blanche et la puissance était alors trop faible pour essayer quoique ce soit.

Il avait fallu attendre l’expérience faite par le Professeur Meister en 1967, qui disposait d’une source presque monochromatique : le premier Laser Ruby émettait dans le rouge, autour de 694 nm, un rayonnement presque monochromatique, suffisamment puissant mais peu concentré. Ce laser a pu être expérimenté sur des animaux, en l’occurence des souris. Les résultats obtenus sur la cicatrisation et la repousse pilaire ont permis de construire les bases de la photobiomodulation.

Les années suivantes allaient être des années de production expérimentale puis industrielle d’autres type de lasers, et surtout des LED. Un important travail de recherche a eu lieu autour de leurs propriétés, dont l’exceptionnel bilan expérimental mené en Russie entre 1980 et 2000 par Tina Karu.

À la veille du nouveau millénaire il était clair que l’essentiel des effets thérapeutiques de la Photobiomodulation avait lieu autour du rouge et du proche infrarouge, au creux du couloir lumineux laissé par l’eau pour que la lumière la traverse sans encombre.

Les effets observés allaient toujours dans le sens d’une stimulation du métabolisme des cellules saines, avec des effets positifs sur la réparation tissulaire, par exemple lors de la cicatrisation.

Un autre effet positif se dégageait : la diminution de l’inflammation et de son corollaire, la douleur.

Si l’on considérait également l’absence d’effet secondaire, on pouvait annoncer l’arrivée rapide, au tournant du nouveau millénaire, de dispositifs adaptés à la pratique courante du médecin.

Dès 2001, c’est une institution de premier plan, très inattendue sur ce terrain, qui allait prendre la parole : La NASA. Elle l’avait fait dans le cadre d’une Conférence, organisée avec l’Institut Américain de Physique, dont le thème était :

NASA Light Emitting Diode Medical
Applications From Deep Space to Deep Sea….

Intérêt des LED des profondeurs de l’espace aux profondeurs de la mer…

Et dont le résumé indiquait :

« Ce travail est soutenu et géré par le NASA Marshall Space Flight Center – SBIRProgram. La technologie LED, développée pour être expérimentée par la NASA sur la croissance des plantes dans l’espace, s’est révélée prometteuse sur les tissus humains dans le but de promouvoir la réparation tissulaire chez l’homme. Nous présentons les résultats du traitement par LED de cellules cultivées en culture et les effets des LED sur les plaies chroniques et aiguës des patients. »

Et voici, en détail, l’un des communiqués publiés à l’initiative de la NASA.

« Le but de cette étude était d’évaluer les effets de l’oxygène hyperbare (HBO) et de la thérapie par la lumière dans le proche infrarouge sur la cicatrisation des plaies. Données de base : Les diodes électroluminescentes (LED), développées à l’origine pour les expériences de la NASA sur la croissance des plantes dans l’espace, sont prometteuses pour délivrer de la lumière en profondeur dans les tissus du corps humain afin de favoriser la cicatrisation des plaies et la croissance des tissus. Dans cet article, nous examinons et présentons nos nouvelles données de traitement par LED sur des cellules cultivées, sur des plaies ischémiques et diabétiques dans des modèles de rats, et sur des plaies aiguës et chroniques chez l’homme. Matériaux et méthodes : Les études in vitro et in vivo (animales et humaines) ont utilisé une variété de paramètres de longueur d’onde, d’intensité de puissance et de densité d’énergie des LED pour commencer à identifier les conditions optimales pour la bio-stimulation de chaque tissu biologique. Résultats : La LED a produit in vitro des augmentations de la croissance cellulaire de 140-200% sur les fibroblastes de la souris, les ostéoblastes du rat et les cellules musculaires squelettiques du rat, ainsi que des augmentations de la croissance de 155-171% des cellules épithéliales humaines normales. La taille des plaies a diminué jusqu’à 36 % en conjonction avec l’Oxygène hyperbare, dans des modèles de rats ischémiques. La LED a permis d’améliorer de plus de 40 % les blessures musculo-squelettiques d’entraînement chez les membres d’une équipe de Navy SEAL et de réduire le temps de cicatrisation des blessures chez les membres d’équipage d’un sous-marin de la marine américaine. La LED a permis de réduire de 47 % la douleur des enfants souffrant demucite buccale. Conclusion : Nous pensons que l’utilisation de la NASA LED pour la photothérapie seule, et en conjonction avec l’oxygène hyperbare, améliorera grandement le processus naturel de cicatrisation des plaies, et permettra aux patients de retrouver plus rapidement leur niveau d’activité d’avant leur blessure ou leur maladie. Ce travail est soutenu et géré par le programme SBIR du Marshall Space Flight Center de la NASA ».

On soulignera la maturité de la recherche et de ses applications déjà mises en évidence il y a 23 ans.

Précision intéressante : ce qui relève de l’étude est désigné par l’acronyme LED, est un panneau de petite taille mis au point et développé par une société privée du Wisconsin qui rassemblait des LED de petites tailles délivrant dans le rouge, autour de 670 nm, une densité énergétique d’environ 50 mW/cm2.

Ce dispositif, (WARP 75) très intéressant en raison de ses performances, que j’ai pu expérimenter moi-même, n’est plus commercialisé aujourd’hui.

Il paraît clair que la Photobiomodulation avait besoin, pour être adoptée par le corps médical, du développement de dispositifs produits par des sociétés puissantes. Ce n’est malheureusement toujours pas le cas aujourd’hui.

Pourtant, en 2013, la NASA avait confirmé le bilan du travail accompli grâce à son initiative. En voici une des retombées, dans une vidéo qu’elle avait produit et qui est visible à l’adresse suivante :

Il y est expliqué comment, des mucites, lésions extrêmement douloureuses de la muqueuse buccale, sont traitées à travers les joues, par une source de lumière rouge produite par des LED, en l’occurrence le même dispositif WARP 75 que je viens d’évoquer.

La même année, en écho à cette démonstration de la NASA, plusieurs institutions médicales parmi les plus célèbres des USA, publiaient un article coopératif déterminant sur l’intérêt de la lumière en Dermatologie. Le travail rassemblait l’École de médecine de Harvard, la division Sciences de la Vie du MIT (Massachusetts Institute of Technology) et le service de Dermatologie du Massachusetts General Hospital.

En voici le résumé :

« La thérapie par laser (lumière) de faible intensité (LLLT) est une technologie en plein essor utilisée pour traiter une multitude d’affections nécessitant la stimulation de la cicatrisation, le soulagement de la douleur et de l’inflammation, et la restauration des fonctions. Bien que la peau soit l’organe le plus naturellement exposé à la lumière, elle réagit aux longueurs d’onde du rouge et du proche infrarouge. Les photons sont absorbés par les chromophores mitochondriaux des cellules de la peau. Par conséquent, le transport des électrons, la libération d’adénosine triphosphate (ATP) et d’oxyde nitrique, le flux sanguin, les espèces réactives de l’oxygène augmentent et diverses voies de signalisation sont activées. Les cellules souches peuvent en profiter, ce qui favorise la réparation et la cicatrisation des tissus. En dermatologie, la LLLT a des effets bénéfiques sur les rides, les cicatrices d’acné, les cicatrices hypertrophiques et la guérison des brûlures. La LLLT peut réduire les dommages causés par les UV à la fois comme traitement et comme prophylaxie. Dans les troubles pigmentaires tels que le vitiligo, la LLLT peut augmenter la pigmentation en stimulant la prolifération des mélanocytes et réduire la dépigmentation en inhibant l’auto- immunité.

Les maladies inflammatoires telles que le psoriasis et l’acné peuvent également en bénéficier. La nature non invasive et l’absence presque totale d’effets secondaires encouragent ainsi la poursuite des essais en dermatologie. »

Les mécanismes d’action de la lumière, évoqués dans ce résumé, sont concentrés sur les mitochondries, dont nous avons déjà beaucoup parlé. Répétons à quel point cette conception très localisée de la Photobiomodulation a été enrichie les années suivantes. Une plus grande connaissance de l’eau et de ses rapports avec le rayonnement électromagnétique en aura été le moteur principal.

Presque 10 années, aujourd’hui, nous séparent de ces publications américaines. Il convient de préciser que depuis, des milliers de publications provenant de tous les pays industrialisés, ont fait état de l’intérêt grandissant des photothérapies relevant du mécanisme de la Photobiomodulation.

Elles n’allaient pas tarder à se glisser dans presque tous les compartiments de la thérapeutique.

Ce développement aurait pu être beaucoup plus rapide. Il ne l’a pas été en raison de la toute-puissance du raisonnement pharmacologique. Remplacer une gélule par 5 minutes d’exposition à une source de lumière n’est pas un exercice facile à entreprendre… et puis, il y a toujours, au creux de la pensée, cette question :

« Mais qu’est-ce que la lumière vient faire là-dedans ? »

La question pourrait servir d’introduction à la deuxième partie de cet ouvrage, consacrée aux principales utilisations et applications thérapeutiques de la Photobiomodulation.

Avant cela, revenons sur cette remarque par laquelle je réponds à la question : « la lumière fait partie du dedans des choses ».

Une vidéo, libre d’accès sur YouTube, fait en quelques minutes toute la …lumière sur cette consubstantialité. L’introduction de cette vidéo tient en une phrase, « C’est la matière qui crée la lumière : le soleil, l’ampoule électrique ou encore le ver luisant le démontrent tous les jours. Mais que se passe-t-il à l’échelle élémentaire ? »

Pour la voir sur YouTube, entrez « Quand l’électron émet des photons », ou entrez cette adresse :

https://www.youtube.com/watch?v=LiClIcNIlHo.

La réponse est simple : la lumière appartient bien au «dedans» de la matière.

Aux yeux de la physique quantique, le photon est avec le proton, le neutron et l’électron, l’un des 4 constituants élémentaires de toute chose.

Enfin, ne perdons jamais de vue que ces constituants élémentaires obéissent tous à la même loi fondamentale qui gouverne le photon : La dualité onde-corpuscule.